Septembre 1011

Voyager en silence était très agréable, d'autant qu'Heaven ne boudait plus. Bon, certes, elle avait parfois sur les lèvres un sourire qui n'augurait rien de bon, mais d'expérience, Si'Wan pouvait dire que les schémas qui tournaient dans la tête de la Shaïness concernait plutôt une vengeance qu'une bêtise à faire dans l'immédiat.

Plus loin, presque toujours en vue surtout en ligne droite, l'objet de cette vengeance les précédait toujours. De toute évidence, ils voyageaient dans la même direction générale. Il avait prit de l'avance plus tôt, en détalant au trot, mais à présent il restait à une distance égale.
Le soleil avait dépassé son zénith à présent, mais la Ven'Sakuraï n'avait pas excessivement faim. L'heure du repas sonnerait quand le ventre d'Heaven gargouillerait assez fort pour la tirer de ses pensées, elle était pratiquement réglée comme une horloge.

La matinée avait un peu calmé Velan qui n'avait pas vraiment poussé son cheval sur la route, pas si pressé que ça. Il ne devait pas arriver avant le 14, on était le 12, il avait donc la possibilité de prendre son temps. Route tranquille, soleil pas trop chaud de fin d'été qui l'avait quand même poussé à ôter son manteau pour l'accrocher sur les fontes de sa selle, derrière lui... ce qui lui avait permis d'apercevoir deux petites silhouettes derrière. Bah, sans importance, l'embranchement n'était plus très loin. Son estomac gargouillant le décida à faire une halte et il se dirigea sur un petit chemin en bord de route, le long duquel il pourrait s'arrêter tranquillement, et comme ça être dépassé par les deux autres qu'il aurait ainsi le plaisir de voir disparaître au loin pour ne plus les revoir.

Il arrêta son cheval et en descendit pour le conduire à la bride un peu plus loin. Il attacha la rêne longue pour le laisser brouter et sortit de ses fontes de quoi manger, bénissant Mme Couque de son jambon divin, entre autres choses. Un oeil sur la route sur sa droite, il commença à manger, pensant à cette saleté de boeuf séché dont il avait sauvé Gil. Il devait avouer que lui même n'en était pas vraiment friand, loin de là.

- je ne suis pas difficile, d'accord mais il y a des limites quand même.

Il mordit avec plaisir dans le jambon mis sur un bout de pain, espérant que les deux filles derrière lui n'allaient pas tarder à quitter sa route. mais il avait juste oublié qu'il avait tendance à ne pas avoir de chance...

Mais Si'Wan ne connaissait pas si bien Heaven que ça. Certes, elle aimait manger, mais n'oublions pas que le prochain repas serait fait de rations de voyage made in Milice. Donc non seulement cela serait dégueu, mais en plus, il fallait optimiser le peu de dégueu que Yu, dans sa grande bonté, leur aura donné... On ne sait jamais, il pourrait avoir un incident, et bon...

Et puis, les plans de vengeance, ça nourrissait son bébé labrador, comme un vieil os qu'on s'entête à ronger alors qu'il n'y a plus rien à manger, mais parce que ça soulage.

Donc, elle jeta à peine un regard acide vers Karel qui se goinfrait comme un porcasse de riche Elam Evir et continua sa route. Plus vite on était à Agrima, plus vite en en avait fini avec cette stupide mission, et plus vite elle serait dans les bras de son Don Doudou Douillet d'amour.

Hop, accélération temporelle !

13 Septembre :

Cela fait plus d'une journée que vous vous ignorez avec dédain et que vous essayez de vous éviter au maximum, mais rien à faire, vous allez vraiment dans la même direction.
Les rations de voyage de la Milice ne sont pas si affreuses que prévu, et le voyage se passe assez bien, sans ça. Si'Wan est la seule à le trouver agréable. Même si parfois elle doit manger à cheval, parce que Heaven refuse de s'arrêter.

Vers 14h vous arrivez successivement à un embranchement. Les panneaux indiquent d'un côté Hol Darin et Marchebrumes, d'un autre côté Agrima et quelques petites bourgades locales comme Brie-les-Flots, célèbre pour sa foire aux livres.

Le désappointement est assez général quand vous constatez que vous allez tous dans la même direction.
Alors que vous voyagez à distance comme d'habitude, pour une fois, Heaven et Si'Wan sont en tête.

Au détour d'un coude de la route, devant vous surgit une troupe de Khyans. Ils sont environ une douzaine, peut-être une quinzaine, et ils sont en plein milieu de la route. Ils ont l'air de discuter entre eux.

Heaven regarda la distraction avec un oeil nouveau. Elle était curieuse de nature, et surtout, elle en avait marre de bouder et elle commençait à être à court d'idée de vengeance. Elle talonna donc son cheval d'un petit coup, un sourire naissant aux lèvres, sa main toutefois posée sur la hampe de son javelot, au cas où. Difficile de dire de là où elle est si les gens étaient de nature hostile ou pas.
Arrivée près du groupe, elle s'adressa d'une voix douce quoi qu'un peu éraillée par le manque de paroles depuis son altercation avec Baudruche Infatuation.
- " Bien le bonjour, m'ssieurs dame |dames, s'il y en a de visible dans le groupe, hein.. sinon que m'ssieurs |. Pourriez-vous me dire combien encore jusqu'à Agrima?"

Elle savait plus ou moins la réponse, mais un peu de politesse ne faisait pas de mal. Parce que oui, n'en déplaise à Lord Pête Plus Haut que son Cul, elle était polie... elle...

Il n'y a pas de femmes dans le groupe. Le temps que tu arrives à leur niveau, Karel, lui, arrive en vue de la scène, un peu plus loin.

A l'arrivée d'Heaven, le groupe se retourne d'un bloc, l'air méfiant. Ils ont des fourches, des bêches, des habits de paysans... visiblement des agriculteurs.
Un grand Khyan habillé d'une salopette grise fait un pas en avant, et répond, d'un ton défiant.

– Agrima c'est pas tout près. Vous m'avez l'air bien pressée.

- " En effet. Quelqu'un attend mon retour à Anvagh, donc j'espère faire le trajet rapidement. Rien à signaler sur la route, Monsieur? Je vous vois avec vos outils à la main... Il se passe quelque chose?"

Heaven n'a pas de raison particulière de se méfier et elle se doute que quelque chose ne tourne pas rond, mais encore une fois, rien contre elle spécifiquement. Elle sourit gentiment aux hommes, prête à proposer son aide si besoin est.

La présence de Khyans au milieu du chemin n'était pas tout à fait anodine -ils étaient encore à quelques kilomètres du premier village- mais pas une totale surprise. Toutefois, leur position au milieu du chemin était un obstacle et en les apercevant, Si'Wan jeta un coup d'oeil aux alentours pour voir s'il n'y en avait pas d'autres et si les bas-côtés étaient praticables pour les éviter. -observation power-

Heaven, elle, prit de l'avance pour aller à leur rencontre. La Ven'Sakurai l'a rejoignit à temps pour entendre la réponse peu amène de son interlocuteur, mais avant qu'elle ne souligne que c'était une raison de plus de ne pas perdre de temps, la Shaïness avait engagé la conversation et Si'Wan plaça donc son cheval près du sien sans rien dire, se contentant de saluer de la tête les Khyans qui avaient tournés leurs visages vers elle.

Karel arrivait tranquillement derrière et il fronça les sourcils en voyant la bande de Khyans au milieu de la route. les paroles d'Estevan lui revenaient en mémoire, et il n'aimait pas ça du tout. Après, il s'agissait peut être de villageois là pour une raison ou une autre, inutile de s'alarmer immédiatement. De toute façon, Heaven était en train de discuter avec eux, et s'il ne lui sautaient pas dessus d'ici deux minutes, c'était qu'ils ne le feraient plus. Il stoppa son cheval pour observer la situation, fouillant des yeux les environs pour voir s'il y avait d'autres personnes un peu plus cachées (et là on regrette de pas avoir observation, parce qu'en prime je crois que comme une débutante, je l'ai oublié -_-,)

Il avait passé la journée complète à pester contre la malchance habituelle en voyant les filles prendre la même direction, mais il était hors de question qu'il s'en aille en laissant Heaven dans une mauvaise passe. Étrange quand il pensait qu'il avait envie de l'écharper depuis qu'il l'avait revue. D'un autre côté, LUI avait le droit de le faire, pas ces Khyans sortis il ne savait d'où ! La mains sur le pommeau de son épée, il resta non loin à attendre de voir ce qui allait arriver, et s'il s'agissait de gens honnêtes ou de ces brigands dont Estevan lui avait parlé.

Heureusement, Si'Wan, elle, a Observation. Et pas qu'un peu.

Simultanément :

* Heaven, tu remarques que certains des paysans ont aussi des machettes et des haches. L'homme qui t'a parlé te répond, d'un ton peu amène :

– Non, mais il ne va pas tarder à se passer quelque chose. Mes amis et moi, on pense que vous ne devriez pas être aussi chargés pour un si long voyage. Ça fatigue les chevaux, comprenez. Et on pense que vous autres Nobles, vous devriez faire la charité pour les pauvres. Alors vous allez nous donner gentiment votre argent et vos affaires personnelles. Et si vous coopérez sans chichis, on vous laissera un cheval pour deux, histoire que vous puissiez aller où ça vous chante. Parce qu'on est galants avec les dames.

Ses camarades se pressent derrière lui, nombreux et menaçants. Ils ont l'air assez désespérés pour devenir violents.


* Si'Wan : tu constates que les bas-côtés ne sont pas franchement praticables, parce qu'on y a creusé (récemment, il semble) des fossés. Et tu ne vois pas d'autres paysans, mais tu entends quelque chose dans les fossés, tu ne sais pas de quoi il s'agit. Si vous voulez avancer, le chemin passe à travers 15 paysans pas contents.

* Karel Velan : tu ne vois rien autour, sauf les fossés récents creusés au bord de la route, qui risqueraient de casser la patte d'un cheval imprudent. En revanche, tu entends quelque chose derrière toi. Tu jettes un œil, et tu constates qu'une grosse charrette tirée par 4 bœufs a été placée en travers de la route a 150m derrière toi pour vous empêcher de rebrousser chemin. C'est pas bon. Pas bon du tout.

Les fossés récents ajoutés à cette bande qui ne semblait pas être là pour prendre le thé ne lui disait absolument rien qui vaille, mais il était trop isolé. Il se rapprocha donc des deux filles, méfiant, et quasiment certain qu'il y avait d'autres Khyans dedans, prêts à leur sauter dessus. Lui en tout cas, c'est ce qu'il aurait fait. Il arrêta son cheval près de celui de Heaven, de l'autre côté de celui de Si'Wan, et tira son arme du fourreau. Pas plus menaçant que ça pour le moment, du moins pas plus qu'un Noble qui tient une épée et qui a l'air aussi avenant que Velan pouvait l'avoir les mauvais jour, mais il ne se précipita pas sur eux et il semblait quand même calme..

- attaquer trois Nobles, vous êtes sûrs de vous ? Pourquoi prendre autant de risques pour un maigre butin potentiel et des blessures et morts certaines ?

Il regarda celui qui semblait être le chef de la troupe, sans lâcher son attention sur ceux qui se trouvaient sans aucun doute dans leur dos, et dans les fossés. Comme disait Estevan, contre une bande nombreuse, ça pouvait être juste quand même.

- on m'avait dit qu'il y avait des attaques sur la route. A quoi vous jouez, messieurs ? Vous ne tenez pas à la vie ?

La situation était clairement un guet-apens à présent, et ils étaient en plus grand nombre bien que ce ne soit que des Khyans. Si'Wan sortit à son tour sa lame du fourreau, la gardant à plat dans une position non-menaçante mais clairement prête à parer et à attaquer. Quelque chose bougeait dans les fourrés et, si on était logique, il s'agissait ou de chiens ou de renforts. Ca pouvait être plus... inoffensif mais Si'Wan prit le parti du pire scénario.

"-Il y a quelque chose dans les fossés." dit-elle calmement à Heaven et donc, en même temps, à l'Elam Evir dont le prénom restait inconnu.Inconnu qui tentait de décourager les paysans. Ca pouvait marcher, mais c'était incertain. Elle attendit cependant le résultat de la tentative, sur ses gardes.

Long soupir désappointé et las... très las...

- "Messieurs, je crains qu'avec moi, vous avez fait mauvaise pioche. Je suis pauvre comme Job depuis à peu près ma naissance et je ne possède pas grand chose qui puisse vraiment vous intéresser...." Et bizarrement, là, elle pensa à un certain cadeau fait par son Don hier soir. A ça non, hors de question de le leur donner. "Tout ce que vous voyez appartient à la Milice d'Avnagh, le cheval, les armes, les quelques provisions de bouche. Or, je pense que vous n'avez pas envie de vous mettre la Milice sur le dos. ça serait la fin de vos activités, qu'elles soient légales ou pas. En plus, je dois vous signaler, avec tous le respect que je vous dois, Messieurs, que vous êtes loin d'être pauvres. Vous avez ces outils, qui auraient bien plus leur place dans les sillons d'un champ, vous avez vos habits, vous vous avez vous-même, cette amitié qui vous lient et vous poussent à agir ensemble. Idiots seraient ceux qui cracheraient sur l'amitié."

Oui, Heaven essayait de les raisonner.
- "Et surtout, vous êtes en vie. C'est fou le nombre de personnes qui n'estiment pas leur propre existence à juste valeur. Parce que si vous nous attaquez pour de vrai, nous allons devoir nous défendre et pas de chance pour vous, vous êtes tombés sur des Miliciens en mission. Donc beaucoup de bruit, de sang et de douleur pour pas grand chose. Surtout que ceux qui pourraient survivre à notre assaut se retrouveraient impitoyablement traqués. Donc si vous pensiez être pauvres, imaginez ce que vous serez après."
Tout en parlant sa main avait glissé sur le manche de son javelot pour se rapprocher de sa hanche, là où était son pistolet. A courte distance comme ça, c'était plus approprié que le javelot.

- "Donc voilà ce que je vous propose, Messieurs. Et je vous conseille, pour votre bien-être, d'accepter. Nous allons passer, tous les trois, sans aucun dommage. Et nous allons continuer notre chemin jusqu'à Agrima. Où nous donnerons l'alerte. Ce qui vous donnera suffisamment de temps pour vous disperser dans la nature et y vous y fondre. Comme ça, lorsque les forces armées viendront - car elles viendront - elles ne trouveront personne. Juste des hommes honnêtes travaillant la terre ou tout autre métier que vous pouvez avoir et auxquels je vous enjoins de retourner."

Le truc, c'est qu'elle était de mauvaise humeur. Et là, elle était hyper fière d'elle. Le prochain qu'il l'ouvrait pour dire autre chose que "oui m'azelle" ou du genre, se retrouverait avec une aumône de plomb entre les deux yeux...

Le discours d'Heaven cause l'émoi parmi la troupe en "armes". Certains commencent à murmurer dans les rangs. Ça débat ferme. On entend des mots comme "Milice", "gros poisson", "trop dangereux"... L'un d'eux se racle la gorge et pose sa main sur l'épaule du "chef". Il lui dit :

– Euh, Norb... on devrait peut-être euh... faire comme elle dit la dame ? Je veux dire... ça vaut pas la peine. Regarde-les, z'ont pas l'air si riches que ça. Sauf euh... leurs armes quoi.

Il a l'air gêné de dire ça, comme s'il était intimidé.
L'autre est furieux. Il lui répond en gueulant :


– La ferme Lot. Tu vois pas qu'elle essaie de nous embrouiller ? Ils sont que 3 bordel !

– Euh, oui, mais, avec les autres, on s'est dit que c'était p'têt pas la peine de s'énerver, tu vois ? On pourrait... enfin... les laisser passer ? Faire comme si on les avait pas vus ?

- "Que trois?" Heaven se penche plus avant vers ledit Norb, la main serrée sur son pistolet, son javelot calé entre sa hanche, l'étrier, son genou et la pratique qui fait que tout reste en place le plus naturellement possible. "Monsieur, j'ai été polie jusqu'ici. Passe encore que vous nous preniez pour des simples voyageurs, passe encore que vous vous croyiez "galants avec les dames". Mais que vous sous-estimiez qui nous sommes? Cet affront ne passera pas, Monsieur, si vous vous entêtez sur cette voie.

Son distinguo s'allume subitement. Certes, ce n'est pas encore le fanion que Yu arrive à accrocher à son front - particulièrement quand Heaven s'est bien planté dans les ordres, mais là n'est pas la question. Petit distinguo ou pas, c'est un distinguo, et ça roxxe sa race!
Son regard est maintenant de glace, et son attitude, bien qu'encore souriante, est beaucoup moins avenante.
- " Je suis de sale humeur, Monsieur, aujourd'hui. J'ai été polie jusqu'ici parce que vous n'avions pas querelle entre nous, mais si vous vous obstinez à m'insulter, je vous montrerai de quoi une Dame de la Famille Shaïness est capable, surtout dans ces mauvais jours. On ne vous a pas appris à ne pas agacer les dames....?

Velan leva les yeux au ciel quand Heaven fit son petit couplet sur l'amitié mais ne fit aucun commentaire, même s'il comprenait parfaitement bien à qui il était destiné. En revanche, il laissa la place à Karel qui prit la suite de son petit discours.

- allons, allons, personne ne veut arriver à de telles extrémités, messieurs. Je préfère vous prévenir, ma camarade Shaïness -alors ça, ça lui arrachait la langue- s'énerve facilement et je vous avouerais que mes tympans ont déjà assez souffert à cause d'elle aujourd'hui. Je rajouterai que si vous pensez que la Milice peut vous causer du tort, ce n'est rien comparé à ma famille, et je ne pense pas que quelques armes et trois chevaux vaillent le prix de vos vies, mmmh ?

Il regarda le dénommé Norb qui avait l'air plus buté que les autres.

- vous savez très bien ce que ça coûte de vous ne prendre à un Noble, n'est ce pas ? Voyons, vous avez l'air d'être de braves gens, à quoi bon risquer vos vies pour si peu ? Que deviendront vos familles, vos champs, vos bêtes ? Mon amie vous a proposé un compromis acceptable, n'est ce pas ? Nous passons tranquillement, vous restez en vie et quand les gardes arriveront d'ici quelques jours, ils ne vous trouveront pas, ou du moins, pas en tant que brigands sur la route, mais braves gens désireux de les aider dans une enquête qui n'aboutira probablement pas.

Il fit luire également son distingo qui fit luire ses yeux bleus de façon assez dérangeante.

- maintenant, si vous souhaitez vraiment vous battre, venez, et payez-en les conséquences, messieurs. Inutilement.

Les brigands/paysans se trouvaient à présent face à trois Nobles aux distingos activés, celui de Si'Wan s'étant mis à luire à son tour. Ils semblaient pouvoir être raisonnés et, pour la plupart, impressionnables. Le combat en lui-même, s'il commençait, pourrait probablement se terminer une fois que l'apparent leader, Norb, serait mis hors jeu.

Toujours aux aguets, vérifiant du coin de l'oeil que ce qui se trouvait dans les fossés, et les hommes qui avaient dû déplacer la charrette derrière eux n'étaient pas en train de se rapprocher en traîtres, elle fixa du regard Lot, celui qui semblait être partant de les laisser filer. L'Elam Evir s'occupait du leader de l'opinion opposée et de la pression sur les deux camps pouvait largement suffire à leur ouvrir le passage.

"-Alors, Messieurs ? Votre décision ?"

I'm back ! Désolée pour le long silence ! Je suis un peu débordée mais je vais essayer de poster plus régulièrement, maintenant que je suis rentrée !

Il y a un mouvement de recul dans les rangs des paysans. Des petits couinements horrifiés échappent aux moins courageux d'entre eux. Une rumeur généralisée enfle parmi eux, et tout le monde se met à parler en même temps. Finalement, alors que Norb semble s'énerver contre Lot et refuser de céder du terrain, un très grand Khyan a l'air placide s'approche par derrière de Norb, et, de son poing fermé, lui donne un coup sur la tête. Le coup est très précis, et a pour effet d'assommer proprement ledit Norb, qui s'écroule, inconscient. Lot lance un regard abasourdi au géant, qui lui répond avec un sourire d'excuse et un haussement d'épaules, avant de ramasser Norb et de le porter sur son épaule.
D'une voix calme, comme si rien ne s'était passé, il demande à la cantonade dans un silence de mort :

– Bon, on rentre ? Je boirais bien un thé.

Avec des murmures perplexes, les gens commencent à le suivre alors qu'il suit la route pour s'engager un peu plus loin dans un sentier latéral. Avant de disparaître, le géant affable se retourne, et vous fait un sourire et un signe de main amical. On croirait que vous sortez d'une aimable conversation.
Derrière vous, un bruit de roues vous fait savoir que la charrette est manœuvrée pour sortir elle aussi de la route, un peu en amont de là où elle était.

Pas de problème, on va juste t'enchaîner au clavier pour le reste du mois...

Heaven se redressa sur sa selle, avec un sourire satisfait d'elle-même aux lèvres. Franchement, il y avait des jours où elle s'aimait. Elle "zieutta" en direction de Si'Wan puis vers Karel Velan.
-"Merci."... puis lui administra un grand coup de poing dans l'épaule. " Merci... Mais je t'en veux toujours."

D'un claquement de langue, elle fit avancer sa monture en espérant que le trajet serait rapide et sans incident....

Le reste du mois seulement ? Naaaan, le reste de sa vie. Minimum.

Karel soupira légèrement en voyant le groupe quitter à la fois leurs idées belliqueuses et la route. Le coup de poings avait été magistral et fort bien asséné. D'un autre côté, vu la carrure du Khyan qui l'avait porté... En attendant ils pouvaient...

*paf*

Subir Heaven.

"j'avais oublié ça", pensa-t-il. Et d'ailleurs..."

Il rattrapa la Shaïness en deux secondes, saisit les rênes et arrêta son cheval. Il passa sur le "je t'en veux toujours" dont il se fichait royalement. A vrai dire ses reproches lui glissaient dessus telle l'eau sur les plumes du canard. Bref.

- une minute tu veux. Tu as dit que vous alliez OU ??

Si'Wan rangea son arme en regardant les Khyans s'en aller. Une frayeur leur avait suffit, c'était toujours ça. Une pression des jambes suffit à faire repartir sa monture et, apparemment, l'Elam Evir qu'elles suivaient -ou l'inverse selon les moments- semblait décidé à parler à Heaven avec autre chose qu'une lame.
Ce qui ne voulait pas dire qu'il avait un comportement plus logique, puisqu'alors qu'il avait bien vu qu'elles étaient en route, et déjà assez ralenties comme ça par cet inconvénient, il venait d'arrêter le cheval d'Heaven.

"-Agrima."

On pouvait aussi parler à cheval, ce n'était vraiment pas la peine de perdre plus de temps.

bon, Alex étant en train d'agoniser au fond de son lit grâce aux microbes, elle m'a dit de répondre dooonc...

C'est Si'Wan qui répondit avant Heaven et la réponse fut bien celle que Karel velan avait imaginé; la pire possible. Il maudit intérieurement -comme souvent depuis un ou deux ans- les dieux de la chance et compta silencieusement jusque cinq pour ne pas exploser.

- Agrima. Nom de d.... je veux dire, bon sang, mais qu'est ce que vous allez faire là bas ?? Vous êtes membres de la milice, non ? Après vos exploits de ce matin, vous devriez avoir été collée à je ne sais quelle corvée ou au fond d'un cachot, pas envoyée... loin...

Eeeeenfoiré de Yu. Bien sûr que si, elles étaient envoyée loin, bien sûr, il en était débarrassé comme ça. Velan ferma les yeux et se pinça l'arête du nez.

- et... qu'allez-vous y faire, si je puis demander ?

Si'Wan haussa un sourcil lorsque l'Elam Evir évoqua les évènements du marché. Elle savait le réseau de ragots d'Avnagh rapide, surtout avec quelqu'un comme Anna-Victorine, mais elle n'aurait pas vu l'homme devant elle comme quelqu'un se tenant au courant des potins.
Il semblait réfléchir à voix haute alors que la raison pour laquelle Yu les avait éloignées de la ville lui apparaissait. Il connaissait Heaven, peut-être connaissait-il le Chef de la Milice ?

"-Un échange d'informations avec la Milice d'Agrima."

Ce qui avait le double avantage de remplir la mission demandée par le collègue de Yu et d'éloigner d'Avnagh, et de son Chef de la Milice, sa source de migraines numéro un. Et Si'Wan, accessoirement.

Si vous m'enchaînez à mon clavier, faites-le au clavier de mon portable : je repars dimanche. Mais cette fois c'est sûr, j'aurai Internet, vu que je vais au même endroit que cet été. Et j'emmène le LdB et vos fiches de persos (et mes fiches de PNJ), donc pas de problème pour assurer la continuité, sauf un peu dimanche, parce que je passe 8h dans une voiture sans Internet.

Pendant que vous parlez, en laissant vos montures avancer au pas côte à côte, le ciel s'assombrit un peu. Avec septembre, les beaux jours sont en train de finir. Mais vous savez qu'il y a peu de chances qu'il pleuve. Il ne pleut pas très souvent dans le Cratère, en tout cas pas ici. Cela dit, ça arrive parfois.
Les chevaux ont l'air d'apprécier ce pas tranquille.

Je vous laisse discuter, et quand vous aurez fini, on fera un peu d'avance rapide.

[Kae chérie, c'était "avant-hier (le 11)" le feu au marché. Une nuit s'est passée depuis - et quelle nuit... * soupir * ze veuuuux mon Doooooon!!! Et puis une autre, puisqu'on est le 13...]

Heaven fit la moue devant la suite des événements. Pas besoin qu'on lui rappelât ce qui c'était passé au marché ainsi que la décision injuste... inique.... hérétique même de Yu. Elle tira sur ses rênes, dans l'espoir de les reprendre à Karel à qui elle ne voulait plus parler maintenant qu'il lui parlait (comme quoi, la vie est toujours bien faite... ou pas).

" J'ai rien fait, c'est pas moi, c'est elle!"objecta-t-elle d'une voix boudeuse, avant de fusiller Si'Wan du regard.- " Et pendant que tu y es, dis-lui donc la couleur de tes chaussettes, aussi!! Mission de la Milice, c'est pas Secret Story, non plus!!! Non seulement tu fous le feu au marché, mais en plus, tu n'es pas capable de tenir ta langue dans ta poche... Pff, mais que va-t-on faire de toi!!!

Ce qui venant de Heaven était un peu un comble, mais le pire, c'est qu'elle n'avait pas totalement tort. Bon elle n'avait pas complétement raison non plus. Mais depuis quand elle s’embarrassait de ce genre de détail?
- "Et qu'est-ce que cela peut te faire qu'on aille à Agrima ou pas? J'croyais que tu ne me connaissais pas, et tout et tout!!"

Ouais, elle craquait... Et alors? ça ne lui posait aucun problème... Aux autres par contre...
Ceci dit, elle s'en fichait... royalement...